Retourner au contenu.

Outils personnels
Vous êtes ici : Accueil Educmath En débat Réforme des programmes de l'école primaire Forum Groupe académique de formateurs en mathématiques de l’académie de Lyon Lettre au ministre de l’Éducation nationale,

Post du forum : Groupe académique de formateurs en mathématiques de l’académie de Lyon Lettre au ministre de l’Éducation nationale,

Aller au niveau supérieur
Posté par aldon le 19/03/2008 08:35

Lyon, le 13 mars 2008

 

Monsieur le Ministre,

L’académie de Lyon comptait trente-neuf réseaux d’éducations prioritaires (REP) répartis dans ses trois départements, qui sont devenus aujourd’hui 50 collèges de l’éducation prioritaire et neuf réseaux ambition réussite (RAR). Le rectorat de l’académie a toujours conduit une politique active en direction de ces réseaux où la réussite scolaire est inférieure à la moyenne académique, comme l’attestent les évaluations à l’entrée en classe de sixième. Dans cette académie, une attention particulière a été portée aux insuffisances en mathématiques des élèves à l’entrée en sixième. Pour y remédier, un groupe de formateurs a été constitué en 2004. Ce groupe d’une dizaine de formateurs rassemble des professeurs du second degré liés à l’IREM, des formateurs de l’IUFM et des conseillers pédagogiques de circonscription. Sa mission est de construire en commun et d’assurer des stages de formation pour des publics divers : conseillers pédagogiques de circonscription, maîtres ressources en mathématiques, professeurs des écoles, professeurs de collège (prioritairement exerçant en REP).

C’est ce groupe académique qui s’adresse à vous au sujet du projet de programme de mathématiques de l’école primaire publié au BO hors série n°0 du 20 février 2008.

Nous partageons les ambitions pour l’école primaire que vous exprimez dans votre conférence de presse du 20 février 2008. Nous y trouvons une organisation de moyens et de méthodes pour venir en aide aux élèves les plus en difficulté, ce qui est notre souci constant et celui de chacun des professeurs d’école ou de collège que nous rencontrons dans nos activités de formation.

La contribution de notre groupe à ces ambitions peut se résumer ainsi : « améliorer la pédagogie pour élever le niveau moyen des apprentissages des élèves, et pour élever le niveau des élèves qui ont le plus de difficultés ». Elle passe par la formation des professeurs.

Nous ne pensons pas que ce soit une « révolution culturelle » de centrer l’école sur les enseignements essentiels. C’est le quotidien de centaines de milliers de professeurs d’école ou de collège. C’est notre quotidien aussi. Dans ce quotidien de professeurs et de formateurs, nous voudrions exprimer deux désaccords avec votre analyse.

D’abord, vous voyez un progrès dans la concision des programmes. Il est sans doute souhaitable que les contenus des programmes et des méthodes soient accessibles aux familles des élèves, mais il est difficile que le même document serve à la fois aux professionnels et aux usagers. Les programmes 2002, qui développent les programmes 1995, qui en précisent les objectifs et les méthodes, sont un outil précieux pour les professeurs et les formateurs. Les documents d’application par cycle et les documents thématiques d’accompagnement sont des références pédagogiques et didactiques de qualité. Ils sont des guides pour les professeurs et des supports de formation pour les formateurs. Ils ont permis, et permettent encore, une élévation générale du niveau de la formation initiale et de la formation continue des professeurs des écoles.

D’autre part, nous sommes en désaccord sur ce que vous désignez comme les enseignements essentiels. Prenons un exemple : pour nous, la réussite d’une division posée n’est pas un apprentissage essentiel. Ce n’est pas un bagage qui permettra de réussir, ou simplement de ne pas être en échec, au collège. D’autres que nous ont déjà expliqué que l’apprentissage préalable des opérations ne suffit pas à la compréhension des problèmes, que l’application de techniques opératoires n’est pas une bonne entrée en matière pour la compréhension de l’opération et que cet apprentissage préalable peut nuire à la pratique du calcul mental. Évidemment, il est plus facile d’expliquer à la presse que le bachotage sur les opérations posées améliorera le score des items correspondants des évaluations, que d’expliquer quels éléments des nouveaux programmes amélioreront les résultats des collégiens français aux évaluations PISA. Et comment expliquer que la mémorisation de « la formule du périmètre du carré et du rectangle » est un apprentissage essentiel ?

Nous ne comprenons pas que ces nouveaux programmes aient pu voir le jour, rompant avec l’amélioration constante des programmes depuis 1985. Nous ne comprenons pas que l’on puisse prendre pour devise d’aller des connaissances aux problèmes. Nous ne comprenons pas que l’on puisse affirmer que la première maîtrise des opérations est nécessaire pour la résolution de problèmes.

Nous pensons que ce projet doit être abandonné. S’il était mis en application, on assisterait sans doute à la satisfaction de certains groupes actifs, mais on risquerait aussi une grande incompréhension de l’ensemble du corps des professeurs des écoles, un désarroi des inspecteurs de l’Éducation nationale et des conseillers pédagogiques de circonscription qui travaillent encore à la mise en Å“uvre des programmes 2002-2007. On pourrait aussi prévoir une recrudescence certaine de l’échec en collège des élèves les plus fragiles, mais aussi des élèves moyens ou qui ne sont pas soutenus par leur famille.

Nous vous demandons l’abandon de ce projet et la confirmation des programmes de mathématiques 2002 dont nous estimons que ce sont les meilleurs que l’enseignement primaire français ait jamais eus.

Pour le groupe académique

André GRAMAIN

signataires :

Bernard ANSELMO, professeur de collège, formateur associé à l’IUFM de Lyon

Frédérique BOURGEAT, professeur de collège Georges COMBIER, formateur à l’IUFM de Lyon, site de Bourg-en-Bresse

Karine FENOY, professeur de collège, formatrice associée à l’IUFM de Lyon

Béatrice FRACKOWIAK, professeur de collège André GRAMAIN, formateur à l’IUFM de Lyon, site de Lyon

Daniel GROS, conseiller pédagogique de circonscription de la Loire

Paul PLANCHETTE, professeur de collège Claire TARDY, formatrice à l’IUFM de Lyon, site de Saint-Etienne

Hélène ZUCCHETTA, formatrice à l’IUFM de Lyon, site de Lyon

 

notice légale contacter le webmaster