Voici quelques conséquences prévisibles de ce projet précipité :

• La baisse des postes touchera le concours de l'agrégation. Lorsqu'on coupera les queues de classement dans les agregs, ce sont les préparations de province qui seront touchées. Par conséquent les Universités n'accepteront pas d'avoir des préparations coûteuses pour des résultats nuls ou presque. Ces préparations fermeront. Par voie de ricochet, ce sont les formations de recherche qui souffriront à leur tour, car les meilleurs étudiants partiront préparer l'agreg ailleurs et feront leur M2 au même endroit. Comme les universitaires voudront sauver leurs parcours de recherche, ils sacrifieront d'abord les parcours enseignement.

• Un concours "allégé" ne permettra de vérifier :

•     ni le niveau académique

•     ni l'aptitude à enseigner

•     ni la vocation du candidat

• On peut s'attendre à ce que les étudiants formés dans des masters recherche ou pro réussissent sans trop de mal un concours "allégé" ce qui justifiera encore plus aux yeux des collègues, qui ne voient que leur vivier d'étudiants de thèse, que le disciplinaire dur est le meilleur moyen de former les enseignants.

• Alors que l'on pouvait imaginer que les préparations privées (et nombreuses) aux différents concours d'enseignement allaient péricliter. Avec cette formule, elles vont, bien au contraire, avoir un regain d'activité. En effet, beaucoup de candidats au concours ne réussiront pas pendant leur année de M2, mais seront quand même reçus au Master. Comme il n'y aura pas de formation académique à ces concours, seules les formations privées accueilleront ces candidats et claironeront leurs excellents chiffres de réussite !

• La disparition des stages en responsabilité des PE2 et notamment des stages filés aura des conséquences sur la réorganisation des écoles élémentaires. En effet, notre ministère avait (mal) résolu la grève administrative des directeurs d'école en affectant sur les temps de décharge des PE2 en stage filé. Pour éviter de réveiller ce problème, la solution est de mettre en place des EPEP (Etablissement Primaire d’Enseignement Public) qui permettront de décharger complètement un directeur (qui pourrait être à terme un administratif pur et dur) pour plusieurs écoles. Cela résout le problème des décharges et des stages en responsabilité.

Nous devons demander le retrait immédiat de ce projet. Une autre voie était possible, sans changer aussi profondément un système perfectible mais qui fonctionne. Les IUFM sont maintenant des composantes des Universités et sont habilités à délivrer des diplômes. Il suffit de conserver le système actuel en validant par un M1 l'année de préparation au concours. La deuxième année, où l'étudiant devient fonctionnaire stagiaire, est alors validée par un M2 d'un master enseignement.