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Editorial

Dernière modification 15/09/2008 13:52

La vérité ! après la quasi-certitude qu’Ibni Oumar Mahamat Saleh est mort

Aline Bonami aline.bonami@gmail.com

Ibni Oumar Mahamat Saleh, opposant démocratique tchadien au parti au pouvoir à N’Djamena, était notre collègue. Il a fait ses études supérieures de mathématiques à l’université d’Orléans et y a soutenu un doctorat de troisième cycle en 1983. Il a été enseignant dans le secondaire à Montargis puis en Algérie, puis à l’université de Niamey au Niger. Il était professeur de mathématiques à l’université de N’Djamena depuis 1985, et jusqu’à sa disparition le 3 février 2008.

Il a continué à avoir, avec son université d’origine en France et avec plusieurs autres, des relations suivies au travers des accords inter-universitaires qu’il avait impulsés.

De retour dans un pays où les diplômés ne sont pas nombreux il s’était retrouvé rapidement chargé de responsabilités. Il fut successivement ministre de l’élevage, de l’enseignement supérieur et la recherche, puis du plan et de la coopération, ceci jusqu’en mai 1994. Il fonda en 1993 un nouveau parti, le PLD (Parti des Libertés et du Développement) et se retrouva progressivement dans l’opposition démocratique au président de la république Idriss Déby. Au moment de son enlèvement, le 3 février 2008, il était porte-parole d’une coalition de 21 partis d’opposition démocratique. C’était l’un des acteurs principaux des accords d’août 2007 entre le parti au pouvoir et les partis d’opposition démocratique, accord qui prévoyait une démocratisation progressive du Tchad.

Avec les conclusions du rapport de la commission d’enquête sur les évènements survenus en République du Tchad du 28 janvier au 8 février 2008 et leurs conséquences, on peut affirmer qu’il a été enlevé par des forces de l’armée nationale tchadienne alors que celles-ci aient repris le contrôle de N’Djamena après le départ des forces rebelles1, et dire de façon quasi-certaine qu’il est mort en détention dans les jours qui ont suivi, qu’il ait été froidement assassiné ou qu’il ait succombé aux mauvais traitements.

Dès la fin février les sociétés savantes françaises de mathématiques SFdS, SMAI et SMF s’inquiétaient de sa disparition. Elles sont à l’origine d’une pétition lancée auprès de la communauté mathématique internationale, qui a recueilli plus de 3000 signatures venues du monde entier. La pétition2 a été relayée par de nombreuses sociétés savantes étrangères et par l’Union Mathématique Internationale. Les lettres adressées au Président Sarkozy et au Président Déby sont toutefois restées sans réponse.

La SFdS, la SMAI et la SMF ne peuvent, pas plus que sa famille, ses amis, ses collègues, ou tous ceux qui croient en la démocratie, se contenter d’une vérité partielle. Plus que jamais nous voulons savoir la vérité, une vérité complète, une vérité officielle qui mène à ce que justice soit faite et son corps rendu à sa famille.

Il est toujours possible de signer la pétition !

Aline Bonami (aline.bonami@gmail.com), chargée avec Marie-Françoise Roy de la pétition par la SFdS, la SMAI et la SMF.

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1 On peut consulter les articles publiés dans le journal Libération, et en particulier le dernier « Le disparu qui embarrasse Paris », publié le 11 septembre 2008

2 Disponible à http://smf.emath.fr/PetitionSaleh/ avec de nombreux documents sur Ibni Oumar et sur la mobilisation des mathématiciens.

 

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